Portrait de Philippe Da Rocha, opticien Lissac
2 avr. 2021

Rencontre avec Philippe Da Rocha, opticien Lissac dans le 1er arrondissement de Paris (75)

Philippe Da Rocha, opticien et directeur de la basse vision dans le magasin de six étages de l’enseigne Lissac, situé au 114 rue de Rivoli dans le 1er arrondissement de Paris, revient sur sa carrière professionnelle et présente les spécificités de son métier.

Quel est votre parcours ?

Philippe Da Rocha : Mon BTS opticien-lunetier en poche, j’ai tout de suite rejoint l’enseigne Lissac en 1997, dans le magasin localisé dans le centre commercial de Créteil Soleil (94), où j’ai exercé cinq ans en tant qu’opticien. Parallèlement j’ai suivi une formation au sein de l’Institut et Centre d’Optométrie de Bures-sur-Yvette afin d’approfondir mes connaissances notamment en réfraction, contactologie et basse vision. J’avais choisi comme thème de mémoire l’équipement du patient atteint de Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Ensuite, j’ai passé 3 années chez Optic 2000, dans un magasin situé dans le 15e arrondissement de Paris, avant d’intégrer à nouveau les équipes Lissac, mais cette fois-ci, Rue de Rivoli, dans le magasin historique de l’enseigne. Aujourd’hui, j’en suis directeur du service basse vision.

En quoi consiste la spécialité basse vision ?

P. DR. : Mon métier consiste à proposer des solutions optiques et/ou électroniques aux personnes malvoyantes afin d’améliorer leur quotidien. La basse vision nécessite une prise en charge personnalisée. Le premier rendez-vous dure généralement une heure. C’est le temps qu’il faut consacrer pour réaliser un bilan basse vision complet, déterminer les acuités visuelles, définir précisément les besoins du patient et choisir l’aide optique ou électronique la mieux adaptée. Ces aides sont multiples : une aide pour la lecture d’un livre à la maison, une aide pour voir les prix inscrits sur les étiquettes dans un magasin, une aide pour lire un menu au restaurant, un système pour regarder la télévision, un filtre thérapeutique pour l’extérieur, un logiciel pour ordinateur… Une fois la ou les aides choisies, je dresse un compte-rendu au médecin prescripteur, l’ophtalmologiste. Sa rédaction est selon moi très importante, car il doit être détaillé et de qualité. Notre image en dépend. À sa lecture, il est facile d’en déduire si un opticien a bien travaillé ou pas. Ce document vient attester notre professionnalisme auprès du milieu médical. 


Les journées de travail d’un opticien spécialisé basse vision sont toutes différentes. Nous devons bien sûr recevoir nos clients, réaliser des bilans complets mais aussi renseigner les familles ou aidants qui viennent chercher des informations, découvrir de nouveaux produits qui évoluent sans cesse et visiter des prescripteurs et des personnes du monde associatif liées à la malvoyance.


La communication auprès des clients et prescripteurs est essentielle. J’estime en tant que grand centre basse vision que nous devons avoir un coup d’avance, nous devons être à l’affût des moindres évolutions.

Quels sont selon vous les prérequis pour exercer ce métier ?

P. DR. : Être à l’écoute du client, bien cibler ses besoins, avoir envie de lui faire plaisir, se décarcasser pour lui trouver l’aide visuelle la mieux adaptée, être curieux, ne pas hésiter à aller chercher l’information, être passionné, aimer faire de la réfraction et être rigoureux dans le suivi de ses dossiers sont autant de compétences à avoir si vous souhaitez devenir un jour opticien ou opticienne spécialisé en basse vision. 


La pédagogie est également extrêmement importante dans ce métier. La personne, souvent très âgée, qui vient nous voir, attend de nous des solutions. On doit être expert sans pour autant entrer dans le détail, il est indispensable d’utiliser des mots simples pour présenter le matériel. Par exemple, OrCam est « une machine à lire qui se présente sous forme de stylo, vous appuyez sur le bouton pour photographier le texte et la machine lit pour vous ». Ainsi, on montre que c’est abordable, simple d’utilisation, même si c’est électronique. Il est également parfois nécessaire d’expliquer aux clients que chaque cas est différent et que les équipements préconisés varient en fonction des besoins et de l’acuité visuelle restante. 

Pourquoi avoir choisi Lissac ?

P.DR. : La technique. Moi qui aimait l’optique physiologique, je sentais que ça me plairait davantage d’exercer au sein de Lissac reconnue pour sa technicité depuis sa création en 1919. Puis ça s’est confirmé ! J’ai quitté Lissac et j’y suis revenu rapidement. J’avais besoin de faire autre chose que du simple choix de montures ou de verres. C’est vrai qu’après avoir fait de la basse vision chez Lissac Rivoli, il est difficile d’envisager autre chose dans sa carrière. Les prescripteurs nous font confiance et nous orientent leurs patients assez fréquemment. C’est un magasin avec beaucoup de clientèle et de matériel. C’est un peu la Caverne d’Ali Baba ! Les clients sont assez surpris lorsqu’on leur présente la panoplie d’aides visuelles dont on dispose.


S’il y a bien une phrase que je retiens de Monsieur Jean-Pierre Bonnac, ancien opticien Lissac, avec qui j’ai eu l’immense chance de me former en basse vision, c’est que « l’opticien Lissac met la technique au service du commercial ». C’est exactement ça ! Dès que la technique est bonne, l’aspect commercial du métier se fait naturellement. Personnellement je n’ai jamais eu l’impression de forcer à la vente ou d’être vendeur. La technique prédomine et de ce fait la satisfaction du client est acquise.