Rencontre avec Mathieu Borel, opticien Optic 2000
Quel est votre parcours ?
Mathieu Borel : J’ai réalisé un BTS Opticien-Lunetier, une licence d’optique et un Diplôme Universitaire basse vision pour approfondir mes connaissances. Je me suis orienté vers le métier d’opticien car c’est un métier multifacette qui allie santé, technicité, vente, service et esthétisme. L’opticien peut réaliser des tests de vue, prend les mesures nécessaires à l’exécution de la prescription, taille et monte les verres pour les intégrer à la monture, effectue la vente de produits optiques et conseille le client sur le choix de sa monture. Il assure aussi la gestion des stocks, s’occupe du suivi administratif du remboursement par les mutuelles et travaille en relation étroite avec les ophtalmologistes et orthoptistes. Aujourd’hui, j’exerce dans quatre magasins localisés dans le sud de la France, dont trois sous enseigne Optic 2000 et une sous enseigne indépendante (GADOL). On est une équipe de treize personnes au total.
Que préférez-vous dans votre métier ?
M. B. : La technique, sans aucun doute, avec la basse vision où l’approche client est différente. Une personne atteinte de basse vision ou de malvoyance nécessite un accompagnement encore plus personnalisé car elle est dans une situation de handicap qui la préoccupe. Il est indispensable de se former aux différentes pathologies (cataracte, dégénérescence maculaire liée à l’âge, glaucome, rétinopathie diabétique…) et à leurs symptômes afin d’être en mesure de répondre à toutes les interrogations, mais aussi de faire preuve d’une certaine empathie. Il faut pouvoir expliquer, restituer aux clients, en trouvant les bons mots. Essayer de les faire avancer et leur faire comprendre qu’il existe des solutions pour améliorer leur quotidien, c’est une véritable satisfaction que d’y arriver.
Pour moi, la basse vision était aussi l’opportunité de faire évoluer mon métier, de me spécialiser dans un domaine plus technique et de me démarquer de la concurrence. En sortant du magasin, j’ai envie que le client se dise « tiens, cet opticien est différent des autres. Il m’a apporté quelque-chose, que je n’ai vu en aucun lieu ».
Concrètement, quelle est la prise en charge proposée à ces personnes en magasin ?
M. B. : Bien souvent, la basse vision s’accompagne d’une perte d’autonomie, avec une difficulté pour accomplir des tâches du quotidien, comme se déplacer sans heurter d’objets, lire le journal, apprécier les couleurs, reconnaître des visages familiers. Il s’agit alors d’apporter une réponse à une souffrance et à des demandes concrètes. Pour cela, je reçois la personne sur rendez-vous dans un espace dédié du magasin. Je pratique une anamnèse, l’histoire du cas, un bilan optique. J’identifie avec la personne les tâches prioritaires qui lui sont difficiles à réaliser et qu’elle aimerait pouvoir refaire. Cet échange, qui peut durer plus d’une heure, me permet de déterminer les aides visuelles qui lui correspondent le mieux. Les aides visuelles proposées vont des filtres aux loupes électroniques, aux télé-agrandisseurs et aux lampes.
À l’issue du rendez-vous, un compte-rendu est systématiquement rédigé à destination du médecin prescripteur. La basse vision est une activité dans laquelle il est nécessaire de se faire connaître et de travailler en réseau avec d’autres acteurs comme les ophtalmologistes, les orthoptistes mais aussi des associations.
Quels sont les atouts d’Optic 2000 dans ce domaine ?
M. B. : Optic 2000 est engagée dans la basse vision depuis 2009 et a décidé de formaliser son accompagnement des personnes malvoyantes par un agrément « Point Expert Basse Vision ». 200 magasins Optic 2000 sont aujourd’hui agréés Points Expert Basse Vision. Un magasin qui a l’agrément répond à un cahier des charges strict : avoir un espace dédié pour la basse vision, une gamme de produits adéquats, un opticien qui suit une formation basse vision en continue. Ces critères sont validés lors d’un audit en magasin, en présence d’une personne malvoyante.
À l’heure où le métier d’opticien est en pleine mutation, Optic 2000 cherche à apporter plus de technicité au métier en développant des expertises pour se démarquer, comme la basse vision mais aussi l’enfant. C’est très appréciable. Grâce à l’enseigne, on peut explorer d’autres domaines. Il est également possible de sortir du magasin pour exercer son métier. J’effectue 2 à 3 vacations par an au CECOM de Paris, centre d’orientation pour personnes malvoyantes. Ça me permet de travailler avec un orthoptiste de proximité et d’être confronter à de nouvelles problématiques non-rencontrées en magasin.